Comment les IA génératives transforment le métier de CGP

L'arrivée des intelligences artificielles génératives, comme ChatGPT, Perplexity ou Claude, bouleverse en profondeur les métiers du conseil. Celui de Conseiller en Gestion de Patrimoine (CGP) n'échappe pas à cette mutation. Si l'IA ne remplace pas l'humain, elle redistribue les rôles et redéfinit la valeur ajoutée du conseil. Explications.
L'IA, une révolution dans l'accès à l'information patrimoniale
Pendant des années, la force du CGP résidait dans sa capacité à décrypter la complexité juridique, fiscale et financière. Aujourd'hui, en une seule requête, n'importe quel épargnant peut interroger une IA pour comprendre le fonctionnement d'un PER, la fiscalité d'une SCPI ou les avantages du démembrement.
Les IA génératives synthétisent l'information disponible, formulent des recommandations génériques, comparent des placements, et peuvent même générer des plans d'investissement types.
Le CGP n'est donc plus seul à détenir la clé de l'information. Il doit désormais composer avec des clients "pré-informés" — parfois bien, parfois mal — qui arrivent avec des réponses toutes faites… ou de fausses certitudes.
Le rôle du CGP devient celui d'un stratège et d'un filtre humain
Face à la puissance brute de l'IA, le CGP doit se repositionner. Il n'est plus un simple transmetteur d'informations ou un exécuteur de solutions patrimoniales. Il devient un stratège humain, capable de filtrer, de contextualiser, de challenger les réponses IA.
Là où l'IA donne une réponse probable, le CGP apporte une réponse adaptée. Il sait prendre en compte des facteurs personnels, émotionnels, familiaux ou comportementaux que l'IA n'intègre pas (encore).
Par exemple :
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Un CGP saura orienter un jeune cadre stressé vers une stratégie patrimoniale rassurante, plutôt qu'un montage fiscalement optimal mais risqué.
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Il saura désamorcer une erreur glissée dans une réponse de ChatGPT sur les droits de succession en démembrement croisé.
L'IA est donc un outil. Le CGP reste le garant de la pertinence et de la cohérence globale de la stratégie.
Une nouvelle compétence : maîtriser les IA pour mieux conseiller
Plutôt que de subir la montée des IA, les CGP les plus agiles choisissent de s'en servir. Certains intègrent ChatGPT ou d'autres assistants dans leur pratique quotidienne : génération de lettres types, scénarios patrimoniaux, simplification de texte pour les clients, préparation de rendez-vous…
Les IA peuvent aussi devenir des assistants puissants pour les CGP eux-mêmes :
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Pour automatiser certaines tâches chronophages (préparation de synthèse, tri d'informations juridiques, simulation brute).
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Pour créer des contenus pédagogiques (newsletter, posts LinkedIn, supports d'atelier client).
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Pour faire de la veille personnalisée, en suivant l'évolution de la fiscalité ou des tendances d'investissement.
Maîtriser l'IA devient alors une compétence stratégique. Non pas pour remplacer le métier, mais pour augmenter le conseiller dans sa capacité à créer de la valeur.
Le CGP augmenté : vers un métier hybride, plus humain que jamais
L'IA pousse le CGP à évoluer, mais elle renforce aussi ce qui fait son essence : l'intelligence émotionnelle, l'écoute, la capacité à instaurer la confiance et à construire une vision de long terme avec ses clients.
Les clients de demain seront plus autonomes, plus exigeants, mais aussi plus sensibles à l'accompagnement humain et aux conseils sur mesure. Ils attendront une expertise renforcée… et une capacité à leur dire non quand une réponse IA leur aura soufflé une mauvaise stratégie.
Les CGP qui réussiront ne seront pas ceux qui s'opposent à l'IA, mais ceux qui sauront s'en servir comme levier d'expertise, de pédagogie et de fidélisation.
En ce sens, le métier ne disparaît pas : il se transforme. Il s'enrichit. Il devient plus complexe, mais aussi plus noble.