La psychologie de l'investisseur

20/02/2021

La théorie financière est bâtie sur la rationalité des investisseurs et  l'efficience des marchés. Il est donc important de comprendre et de corriger les processus de prise de décision par la mise en évidence des interférences émotionnelles. Ceci afin de mettre en place des stratégies visant à améliorer la performance. Longtemps parent pauvre de l'économie, la psychologie des individus est désormais au centre des recherches.  Ainsi, La discipline de L'économie comportementale a été consacrée en 2001 par le prix Nobel de Daniel Kahneman. Puis en 2017, par la remise d'un prix Nobel à Richard Thaler. Mis à jour Février 2024.

Par Bertrand DUBOURG

La notion d'efficience des marchés se base sur l'hypothèse de la rationalité des investisseurs. Elle repose sur le fait que tous les investisseurs sont égaux devant l'information et sont donc portés à être rationnels.

La théorie économique et financière part du postulat que l'individu est  rationnel. Pendant des décennies, les sciences économiques ont reposé sur l'hypothèse de la  la rationalité des traders. Néanmoins, les expériences des praticiens démontrent, a contrario, que les décisions sont souvent guidées par les émotions.


Si les investisseurs se comportaient de manière rationnelle, comment expliquer que les actions affichent des rendements plus élevés les derniers jours et les premiers jours du mois et qu'elles ont des rendements inférieurs en début de semaine?

Rien n'explique rationnellement ces raisons à part peut être la psyché humaine. 

Les pièges en finance comportementale

1. L'effet de disposition

L'aversion des investisseurs aux pertes entraine l'individu à prendre ses bénéfices sur de bonnes positions tout en ne se séparant pas des mauvaises valeurs. Mauvaise idée!

2. La Mémoire

L'investisseur préfère ne pas se souvenir des opportunités manquées et encore moins des erreurs. Ceci est un moyen de ménager sa susceptibilité et ménager sa volonté de toute puissance. Pour progresser il faut jeter un regard froid sur ses échecs ou ses réussites.


3. La confiance excessive

L'investisseur pense en général investir mieux que les autres. Ainsi, L'excès de confiance conduit à passer des ordres trop souvent en générant trop de frais de transactions.

4. Le biais de familiarité

Un Japonais va investir dans des sociétés Japonaises, même si des actions à l'étranger sont meilleures. À contrario, un Français ne jure que par le CAC 40. Cette concentration sur son marché confortent les investisseurs qui ont tendance à se sentir à la maison. En effet,  ils pensent que l'on apprécie mieux ce qui se passe sur le SBF 120 que sur le Nikkei. Or,  l'individu anticipera souvent des rendements supérieurs à ce qu'il est légitime d'attendre.  Il percevra des gains  inférieurs à ce qu'il aurait pu obtenir sur d'autres marchés.

L'expérience de Kahneman et Smith *


Lors d' un jeu de loterie dans lequel deux tables sont à votre disposition. A la première, le jeu est relativement simple... Vous gagnez 1 million d'euros à chaque fois! A la deuxième table, c'est un peu différent, vous avez 10% de chance de gagner 2,5 millions d'euros, 89% de chance de gagner 1 million d'euros et enfin dans 1% des cas, vous repartez les mains vides! A quelle table irez vous jouer?

La réponse à cette question est propre à chacun d'entre nous. Néanmoins, la solution rationnelle serait d'aller à la table numéro 2, car l'espérance de gain y est de 1,14 million d'euros et donc plus élevée que l'espérance de la table 1 qui n'est que de 1 million d'euros.

Pourtant, quelques uns d'entre vous préfèrerons jouer à la table 1 afin de s'assurer un gain. Ceci peut s'expliquer par une aversion aux pertes de la part de certains investisseurs qui peut être plus ou moins marquée selon la personne et selon le risque.

L'expérience et l'étude du comportement des investisseurs montrent que si l'on gagne 1000 euros, on aura tendance à les retirer rapidement car on pourrait tout reperdre le lendemain. A l'inverse si l'on perd 1000 euros lors d'une journée, on aura tendance à tenir ses positions en espérant "se refaire" lors des prochaines séances au risque de creuser ses pertes. C'est le vieux dicton du "pas vendu, pas perdu" qui peut parfois se révéler fatal et qui s'explique par la psychologie des investisseurs.

*Source ABC Bourse

L'art de bien débuter en bourse
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L'irrationnalité de l'investisseur

De manière générale, les hommes prennent plus de risques que les femmes avec l'argent. Ils sont donc plus addict à la bourse. Les hommes associent le gain avec l'argent. Ceci est vrai même si hommes et femmes sont motivés de manière égale par l'argent. A contrario, les jeunes ont  souvent une perception négative de l'argent.

En finance l'individu rationnel n'est pas représentatif de la société. En effet,  beaucoup d'investisseurs continuent à opérer sur les marchés malgré un crash annoncé. L'individu est souvent enclin à interpréter des séries comme des tendances en faisant des liens erronés avec des évènements qui s'enchainent.  


Les mordus d'investissements réagissent souvent comme ceci:

Tant que personne  ne semble vouloir d'une action, ils n'en veulent pas non plus. Mais si tout à coup, c'est la ruée, le mouton qui sommeille en lui, se réveille.  Ainsi s'amorce une spirale infernale telle que nous l'avons récemment vu avec REDDIT et GAMESTOP contre les Hedge Funds. 

Bien souvent, les investisseurs ne s'apercevront même pas des signaux de danger tels des fans du PSG  quand ils doivent juger des fautes commises par leur équipe.

Dès lors l'éclatement de la bulle devient inévitable. Dans le monde merveilleux des investisseurs en  bourse, les choses ne se passent jamais comme dans les modèles classiques!