Le centaure et les start up

25/10/2022

Les licornes, autrefois "étalon-or" pour valoriser une start up, sont en passe d'être détrônées par les centaures. A l'origine, pourtant, les licornes présentaient bien, avec en tête d'affiche, des sociétés comme Uber et Airbnb. 


Le centaure à l'attaque

Il était d'usage de valoriser les start up à plus d'un milliard de dollars en les appelant licornes. En  2022, on en dénombre pas moins de 1.000 sur la planète Terre. Toutefois, toutes ne présentent pas de chiffre d'affaires conséquents. Pourtant de nombreux business angels ne se concentrent plus uniquement sur la valorisation d'une start up, comme objet principal, mais s'attardent  sur  l'argent qu'elles génèrent vraiment. 


Bessemer Ventures Partners, société de capital risque, fait donc apparaitre un nouvel animal mythologique dans le bestiaire des start up:  le Centaure. Un Centaure est une start up dont les revenus annuels dépassent les 100 millions de dollars. 

Actuellement on estime qu'il existe 150 centaures. Les principaux sont: 

  • Cloudinary
  • Deel 
  • LinkedIn
  • Canva
  • Shopify 
  • Aircall.
  • EcoVadis
  • Dataiku, 

Qonto, en France, devrait probablement intégrer ce club plus fermé que le diner du siècle, dans quelques temps. 

Exit la licorne?

Le centaure est un animal de plus en plus recherché. En effet, il met en confiance les investisseurs. En utilisant l'ARR pour jauger une start up, les centaures reflètent mieux les tendances de marché dans une époque où l'argent se raréfie à la vitesse d'Usein Bolt aux JO de Pékin. 

En outre, la hausse des taux sonne le glas de l'helicopter Money, soit la planche à billet qui inondait les startups, il y encore un an. Le centaure, c'est le retour aux bonnes vraies valeurs à l'ancienne. A savoir, la prise en compte de la rentabilité, et non la valorisation supposée et subjective d'un projet exotique, 

Les centaures sont donc des animaux concrets rendant l'approche de la valorisation boursière, pour l'instant, obsolète.  

Le centaure indique un marché mature

L'ARR ou revenu annuel récurrent et les centaures sont donc entrain de s'imposer dans le landerneau des start up.  En effet, l'ARR de cent millions d'euros démontre factuellement, une capacité de scalabilité et de développement, couplée à une marge de progression importante de la clientèle. 

Dès lors, les centaures deviennent une sorte d'AOC comme pour les grands crus. 

Changement d'époque

2021 a été une belle année pour les entreprises de la teck avec un Nasdaq qui ne boudait pas son plaisir. Plus de 600 milliards de dollars de financements arrosaient un secteur gavé de liquidités.

Mais en 2022, le marché a commencé à avoir le hoquet, En effet, les fonds d'investissement ont commencé à percevoir des difficultés perceptibles avec l'inflation et l'augmentation des taux d'intérêt. Comme sous la restauration de Louis XVIII, l'époque n'était plus à Austelitz, encore moins au risque. 

D'ores et déjà, les investisseurs investissent moins de liquidités, voire font même marche arrière.  Désormais, il s'agit de conserver son capital pour survivre, ou presque. Les licornes, qui collectaient des financements, se trouvent désormais dans une situation de vulnérabilité. Un petit vent de panique s'installerait-il? 

In fine, les licornes qui pouvaient compter sur de nombreux investisseurs, ont vu leur attrait s'affaisser drastiquement. Les investisseurs sont de plus en plus prudents face à la conjoncture actuelle. Bref les licornes ne hénnissent plus trop en ce moment. 

Place aux centaures.