Le marché des SCPI en 2024 : Vers une nouvelle dynamique ?

05/09/2024

Le premier semestre 2024 marque un tournant pour les Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI), qui montrent des signes de reprise, mais doivent aussi composer avec des défis structurels majeurs. Bien que les chiffres semblent indiquer un ralentissement par rapport aux années précédentes, cette phase pourrait bien être le prélude à une transformation du marché plutôt qu'à une crise profonde.Avec une collecte nette de 1,67 milliard d'euros au cours des six premiers mois de l'année, le secteur montre un regain d'intérêt après une période de baisse notable. Toutefois, cette collecte est en recul de 57,9% par rapport à l'année précédente, un chiffre qui rappelle les difficultés auxquelles les SCPI font face. Mais plutôt que de signaler la fin d'une "ère dorée", ce recul pourrait s'avérer être une phase de transition vers un modèle plus résilient et mieux adapté aux nouvelles conditions économiques.

Par Bertrand Dubourg

Un rééquilibrage en cours

L'une des principales préoccupations reste le montant des parts en attente de retrait, qui a atteint 2,6 milliards d'euros au 30 juin 2024, contre 2,1 milliards à la fin de 2023. Cette augmentation reflète une certaine prudence de la part des investisseurs, mais elle peut aussi être perçue comme un phénomène temporaire dans un contexte économique en mutation. Certaines SCPI, comme Novapierre Résidentiel ou LF Grand Paris Patrimoine, sont plus affectées que d'autres, avec des taux de parts en attente de retrait qui dépassent les 10% de leur capitalisation. Cependant, ces situations peuvent également être interprétées comme des ajustements nécessaires dans un marché où la liquidité doit s'adapter aux nouvelles réalités.

Si la hausse des retraits reste préoccupante, elle n'est pas nécessairement synonyme de crise. Les sociétés de gestion sont de plus en plus conscientes de la nécessité d'offrir de la transparence et d'améliorer la gestion des flux de liquidités. L'innovation dans la gestion des actifs pourrait même renforcer la résilience du marché à long terme.

Des performances contrastées mais prometteuses

Sur le plan des performances, 78% des SCPI ont maintenu un prix de part stable au premier semestre 2024, une preuve de la solidité de nombreuses structures dans un contexte de turbulences immobilières. En revanche, 19% ont été contraintes de revoir à la baisse leur prix de souscription, avec une réduction moyenne pondérée de 2,16%. Bien que cela puisse soulever des inquiétudes, il est important de noter que ces ajustements permettent souvent de réaligner la valorisation avec les réalités du marché, ouvrant la voie à une stabilisation future.

Du côté des distributions, la situation reste relativement positive. En effet, 73% des SCPI ont maintenu ou augmenté leur rendement par rapport à 2023, un signe encourageant. Cependant, la pression sur les loyers, notamment dans le secteur des bureaux, et la hausse des taux d'intérêt constituent des défis à long terme. Les SCPI devront donc diversifier leurs portefeuilles et s'adapter aux secteurs porteurs, comme la logistique ou la santé, pour continuer à offrir des performances intéressantes aux investisseurs.

Des opportunités à saisir

Malgré le climat d'incertitude, certaines SCPI tirent leur épingle du jeu. Corum Origin, Corum XL, ainsi que la SCPI Transitions Europe d'Arkea Reim, ont toutes enregistré des collectes nettes positives au cours du semestre. Ces succès démontrent que des stratégies d'investissement diversifiées, en phase avec les tendances économiques et sociétales, peuvent permettre de surmonter les turbulences actuelles.

La capacité à identifier des secteurs porteurs sera déterminante pour l'avenir des SCPI. Le secteur de la santé, en particulier, ainsi que celui de la logistique, continuent de croître à un rythme soutenu. Les SCPI qui sauront exploiter ces tendances pourront non seulement traverser la période actuelle, mais également en sortir renforcées.

Vers une renaissance des SCPI ?

Le marché des SCPI, bien que secoué, n'est pas condamné à un déclin. La hausse des taux d'intérêt et les incertitudes économiques pèsent indéniablement sur les perspectives à court terme, mais ces facteurs pourraient aussi inciter les acteurs du secteur à réinventer leur modèle. Les sociétés de gestion devront faire preuve d'agilité et de créativité pour s'adapter à ces nouveaux défis, et la diversification des actifs semble être une réponse de plus en plus prisée.

Pour les investisseurs, la prudence reste de mise, mais le marché offre toujours des opportunités. La clé du succès résidera dans la sélectivité des investissements et dans la capacité à anticiper les évolutions du marché. En gardant une vision à long terme, il est possible de continuer à profiter des avantages qu'offrent les SCPI, tout en s'adaptant aux nouvelles conditions.

Le premier semestre 2024 ne marque donc pas la fin d'une ère dorée, mais plutôt l'amorce d'une nouvelle phase de maturation du marché. La question n'est pas tant de savoir si les SCPI vont survivre à cette période de transition, mais comment elles parviendront à en sortir plus solides et mieux préparées pour les défis à venir.