Obligations et incertitudes post-élection Trump : Analyse et perspectives

20/11/2024
Obligations et incertitudes post-élection Trump : Analyse et perspectives
Obligations et incertitudes post-élection Trump : Analyse et perspectives

La victoire de Donald Trump lors des élections américaines continue d'alimenter les discussions sur les marchés financiers. Si certains segments affichent une direction claire, d'autres, comme les obligations souveraines, restent hésitants face aux nouvelles orientations politiques et économiques.

Rendements obligataires : une réaction mitigée

Les rendements des obligations américaines et européennes montrent des trajectoires contrastées depuis l'élection :

  • États-Unis : Les bons du Trésor à 2 ans et 10 ans se situent respectivement à 4,30 % et 4,47 %, en hausse de 12 et 20 points de base depuis le 5 novembre.
  • Europe : Les Bunds allemands à 2 ans sont à 2,14 % et ceux à 10 ans à 2,39 %, affichant une baisse de 15 et 3 points de base.

Cette divergence illustre des perspectives économiques et monétaires fondamentalement différentes des deux côtés de l'Atlantique.

Deux continents, deux trajectoires

Depuis septembre, les rendements des bons du Trésor américains et des Bunds européens suivent des directions opposées. Cette tendance s'explique principalement par les prévisions d'inflation et de croissance dans chaque région :

  • États-Unis : Les barrières tarifaires promises par Trump risquent d'augmenter l'inflation, obligeant la Fed à maintenir une politique monétaire plus restrictive.
  • Europe : Une croissance affaiblie par les tensions commerciales pourrait inciter la BCE à poursuivre ses baisses de taux.

Ces divergences renforcent l'intérêt des rendements en euros par rapport à ceux libellés en dollars, une position partagée par de nombreux analystes.

Optimisme prudent sur les marchés de crédit

Les marchés de crédit, en revanche, semblent bien accueillir les résultats des élections :

  • Spreads de crédit resserrés : Les obligations "investment grade", à haut rendement et des marchés émergents bénéficient d'un regain de confiance.
  • Confiance des investisseurs : Malgré les risques inflationnistes, les investisseurs estiment que Trump favorisera les entreprises, comme ce fut le cas lors de son premier mandat.

Cependant, ce sentiment d'optimisme pourrait s'avérer trop complaisant. Contrairement à 2016, le contexte actuel est marqué par une méfiance accrue envers les risques inflationnistes, et les postes clés de la nouvelle administration Trump sont majoritairement occupés par des partisans fidèles, limitant la place à la modération.

Quels risques pour les obligations ?

Les segments obligataires, notamment ceux à haut rendement et des marchés émergents, présentent des risques accrus :

  • Les spreads actuels sont jugés particulièrement chers, augmentant la sensibilité à tout changement de politique ou de contexte économique.
  • Les effets inflationnistes des politiques protectionnistes de Trump pourraient inciter la Fed à prolonger ses taux restrictifs, impactant négativement ces segments.

Mon avis : prudence avant tout

L'incertitude reste de mise pour les obligations dans ce contexte post-électoral. Voici mes observations clés :

  1. Divergence États-Unis/Europe : Les investisseurs européens pourraient trouver davantage de sécurité dans les rendements en euros, alors que les bons du Trésor américains restent exposés à une pression inflationniste.

  2. Optimisme sur les crédits à haut rendement : un excès ? Je reste sceptique quant à l'optimisme apparent des marchés de crédit. Les spreads actuels, bien que serrés, pourraient s'élargir brutalement si l'inflation dépassait les attentes ou si des tensions commerciales venaient à ralentir la croissance mondiale.

  3. Un environnement politique incertain : Contrairement à son premier mandat, Trump semble moins entouré de conseillers modérés, ce qui pourrait amplifier les risques de politiques extrêmes.

En tant qu'investisseur, il est crucial d'adopter une approche diversifiée et de surveiller attentivement les politiques monétaires de la Fed et de la BCE, qui continueront d'influencer fortement les rendements obligataires.

Bertrand Dubourg
Rédactionfinancière.com