Placements et inflation. Karl Toussaint du Wast, de Netinvestissement, répond aux questions de redactionfinanciere.com

Comme nous en avons pris l'habitude chez redactionfinanciere.com, nous aimons avoir l'avis de nos confrères, lesquels comptent parmi les meilleurs experts de l'univers de la gestion de patrimoine. Et ce, Surtout quand l'actualité l'impose. Aujourd'hui, nous avons l'immense plaisir d'échanger avec Karl Toussaint Du Wast, cofondateur de la plateforme digitale Netinvestissement.

Bertrand Dubourg: Pourquoi l'inflation est-elle remontée ?

Karl Toussaint Du Wast. L'inflation est un phénomène qui constate à la fois une baisse du pouvoir d'achat des consommateurs et une hausse durable des prix. L'inflation peut arriver dans plusieurs scénarii mais la raison actuelle de l'inflation est due à deux paramètres principaux :

Tout d'abord la « sortie » du COVID, ou devrais-je dire la reprise forte et rapide de la consommation globale au niveau mondial après près de deux années de confinement ou la consommation générale avait, de fait, été très fortement ralentie. Malheureusement c'est reprise forte de la consommation n'a pas été suivie par les usines ce qui a entrainé rapidement un décalage de stock entre l'offre et la demande. premier phénomène « classique » donc, si la demande est plus forte que la capacité du marché à fournir l'offre nécessaire, alors les prix ont mécaniquement tendance à monter (loi de l'offre et de la demande).

Le deuxième paramètre qui a accéléré l'inflation c'est l'augmentation du cout des matières premières et notamment des matières premières : gaz et pétrole en particulier. Toute l'économie mondiale et donc les usines de fabrication de produits alimentaires ou de consommation ont besoin d'énergie pour tourner. Si les prix de l'énergie augmentent, cela sera répercuté sur le cout des produits CQFD. La guerre en Ukraine n'a fait qu'empirer la situation.

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B.D: En cette période d'inflation, quels sont tes conseils pour protéger son pouvoir d'achat ?

KTDW. Premier conseil fondamental : prendre conscience, reconnaitre et accepter le fait qu'il y ait une inflation estimée entre 4 et 5% actuellement en France et qu'à ce titre, si l'on ne place pas son épargne « à minima » à un taux de rendement au moins identique au taux de l'inflation, l'on perd littéralement de l'argent sous la forme d'une baisse du pouvoir d'achat de l'argent placé.

Une fois cet état de fait accepté, il faut agir en acceptant de placer au moins une partie de son épargne sur des supports certes non garantis en capital (type fonds euro ou livret A qui ne rapportent même pas 1%) mais qui potentiellement génèrerons un rendement égal ou supérieur au niveau actuel de l'inflation. Pour rappel : entre 4 et 5%

Deuxième conseil : Agissez. Ne subissez pas. Ne laissez pas votre argent « dormir ». Pour cela, soyez pro actif sur vos placements et faites-les évoluer au gré des évolutions cycliques, conjoncturels, voire géopolitiques. Si vous ne savez pas comment faire ? Mon meilleur conseil : faites-vous accompagner et conseiller par un professionnel indépendant. Contrairement à certaines idées reçues, un (bon) conseil indépendant vous fera gagner de l'argent et ne vous en coutera pas.

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B.D. Selon toi, quels sont les secteurs dans lesquels investir en cette période ?

KTDW.Actuellement, je recommanderai trois secteurs :

• L'or et les métaux précieux (or, argent, platine). Une petite partie allouée dans son portefeuille a du sens car les métaux précieux jouent alors pleinement leur rôle de valeur refuge

• L'immobilier tertiaire. Tangible, et partiellement indexé sur l'inflation, la pierre papier offre une solution douce, peu volatile, appréciée des français pour ne pas subir de plein fouet la hausse des prix. En effet dans l'immobilier tertiaire, le montant des loyers est en partie indexée sur l'inflation.

• Les matières premières notamment le secteur de l'énergie

B.D. Au contraire, quels sont les secteurs qui sont à éviter?

KTDW. Les obligations sont actuellement plutôt à éviter ainsi que les sociétés très directement impactées par la hausse du cout de l'énergie. Le secteur bancaire reste encore fragile

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B.D. Existe-t-il des secteurs sûrs ?

KTDW. « Rien n'est sûr et bien présomptueux serait celui ou celle qui pourrait soutenir le contraire ». Cela étant dit. Il existe en revanche des secteurs qui, logiquement, selon toutes vraisemblances, devraient continuer à connaitre de la croissance soutenue, surtout sur le long terme (l'on ne construit jamais une stratégie ni ne prenons des positions avec une logique court termiste). Je pense évidemment à toutes les transitions vers le digital, mais également le secteur de l'intelligence artificielle ou encore du tourisme spatial. Ce sont des secteurs en pleine explosion et dont l'adoption générale ne fait que commencer. Le secteur de la transition énergétique devrait également très certainement jouer un rôle central dans les années à venir.

Enfin, et quitte à ne pas être « original », l'immobilier restera toujours un secteur résilient car nous avons toutes et tous besoin de nous loger.

Mr Toussaint du Wast, merci.